Baclofène dans l’Alcoolodépendance : Rappels & Recommandations

1fef7-allcooolLe Baclofène est un myorelaxant d’action centrale utilisé dans le traitement de la spasticité musculaire.

En mars 2014, L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé) a autorisé en France via une RTU (Recommandations Temporaires d’Utilisation) l’utilisation du Baclofène chez les patients alcoolodépendants en échec des traitements disponibles.

Les Recommandations liées à cette utilisation sont :

  • La prescription mensuelle.
  • L’instauration progressive du traitement :
    • La posologie initiale doit être de 15 mg/j (pendant 2 à 3 jours).
    • Elle doit être augmentée très progressivement afin d’éviter un surdosage : + 5 mg, par paliers de 2-3 jours, jusqu’à 30 mg/j, puis + 10 mg, par paliers de 2-3 jours, jusqu’à l’obtention d’une réponse clinique.
  • Au-delà de 120 mg/j,  un deuxième avis doit être sollicité auprès d’un médecin expert dans l’alcoolodépendance.
  • Au-delà de 180 mg/j (ou 120 mg/j chez les plus de 65 ans), un avis collégial au sein d’un CSAPA (Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) ou d’un service hospitalier d’addictologie est requis.
  • La posologie de 300 mg/j ne doit jamais être dépassée.
  • Toute interruption brutale du traitement doit être évitée. L’arrêt doit être progressif, afin d’éviter la survenue d’un syndrome de sevrage (de symptomatologie variable), sur une à quatre semaines, en diminuant par exemple la dose de 10 à 15 mg tous les 2 jours.

Les Contre-Indications dans le cadre de la RTU, en plus de celles mentionnées dans le RCP du médicament, sont :

  • Les troubles psychiatriques nécessitant une consultation psychiatrique, ainsi que schizophrénie, trouble bipolaire et dépression modérée ou sévère,
  • L’épilepsie (ou antécédent),
  • L’addiction à d’autres substances que l’alcool,
  • La grossesse,
  • La prise concomitante de médicaments d’aide au maintien de l’abstinence ou à la réduction de la consommation d’alcool,
  • La conduite de véhicule ou utilisation de machines au cours de la phase d’instauration du traitement.

Un an après la mise en place de la RTU, le bilan est encourageant en ayant permis aux patients de réduire leur consommation journalière d’alcool, et/ou d’augmenter leur abstinence, et/ou de diminuer leur sensation de « craving » (besoin irrépressible de consommer de l’alcool).

Edit (31/03/2017) : Une étude, menée par les centres antipoison de l’ouest de la France, qui représentent 12 millions de patients, se sont penchées sur le risque de surdosage lié au baclofène :

  • Au total, 111 cas de surdoses volontaires (autrement dit des tentatives de suicide) ont été rapportés entre 2008 et 2013 dans cette partie de l’Hexagone.
  • 46 de ces intoxications étaient graves, dont 4 fatales.

Les symptômes étaient essentiellement neurologiques (45 %) et cardiovasculaires (27 %) et la sévérité des symptômes était fortement liée à la présence de troubles psychiatriques.

Or les personnes alcoolo-dépendantes sont souvent atteintes de comorbidités psychiatriques. Les patients sont traités par de fortes doses (jusqu’à 300 mg par jour) et détiennent donc avec eux beaucoup de boîtes de Baclofène, ce qui augmente le risque de surdosage.

Edit (03/08/2017) : Depuis le 24 juillet 2017, la RTU ne permet plus de prescrire du Baclofène à des posologies supérieures à 80 mg/jour, au lieu de 300 mg actuellement. Cette modification est la conséquence directe des résultats récemment publiés (cf Edit 31/03/2017).

Dr Ordoscopie, Pharmacien

Source(s)
– ANSM, RTU baclofène : Premières données collectées et rappels sur les modalités de prescription – Point d’information, 20/03/2015

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire